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NITRATE

Groupe de Marseille

 

NITRATE se forme au début de l'année 1978 . Il est constitué d'un trio de musiciens issus du quartier Saint Julien de Marseille : Alain "Alien" Laurent (guitare et chant), Christian "Krees" Daïni (basse et chant) et Remy "p'tit Remy" (batterie). Remy n'a alors que 14 ans et ses parents ne le laissent pas jouer en concert. C'est donc Max Sidney, un copain batteur plus âgé, qui assure les remplacements.

Etait-ce d'avantage un groupe de rock qu'une bande de potes ? Une tribu de jeunes marseillais qui écumaient la ville en mobylettes, en connaissaient tous les recoins, et se retrouvaient en plusieurs QG, du Taxi bar à la brasserie de Lyon, en passant par le Garibaldi. C'est là, sur le boulevard du même nom, qu'est nè le groupe NITRATE en 1978, pendant que les lycéens battaient le pavé.

Nitrate, ce nom qui claque, c'est Raphaël Chirchietti, qui deviendra plus tard photographe au journal "le Provençal", l'un des plus doués de sa génération, qui l'a trouvé. Et c'est très vite devenu le cri de ralliement pour ceux qui aimaient le rock dans ces années-là, cuisiné à toutes les sauces sur des "bombages" (on ne disait ni tags, ni graffs) qui couvraient les murs du centre-ville : Nitrate rock urbain, Ni Dieu Nitrate.

A cette époque, Marseille ne ressemble pas à la ville qu'elle est aujourd'hui : le rap n'existe pas, l'énergie punk est naissante, pas de Dôme pour de grands concerts fédérateurs, mais une multitude d'initiatives qui prennent la forme de festivals éphémères. NITRATE est de toutes les affiches, posant son rock hargneux et ses paroles trash en français, le temps de sets fulgurants qui finissent souvent en bagarres générales. D'autres groupes émegent comme les COPS AND ROBBERS.

 

 

 

S'il a subi quelques métamorphoses avec les années, le groupe s'est construit autour des frères Laurent, Alain à la guitare et Rémy à la batterie, âgé d'à peine 15 ans, de Christian Daini et de Max Siné. D'autres sont passés (Olga au chant, Philippe Venturini à la guitare). Certains sont restés comme Patrick Ortega au saxo.

NITRATE aurait assurémment pu connaître un autre destin. Le groupe qui avait érigé la débrouillardise en véritable système, a un jour arraché la promesse de faire leur première partie aux musiciens de TELEPHONE, les stars de l'époque de passage à Marseille. Et l'a fait devant plus de 4000 personnes à Strasbourg.

Des maquettes, des articles dans la presse nationale, des projets, des enthousiasmes partagés et des expériences négatives... Le tout a composé l'histoire du groupe. Mais pour tracer un chemin commun, il faut avoir des objectifs, des influences partagées et opter pour des directions que tout le monde partage. Il faut aussi avoir de la discipline. Autant de choses qui manquaient au groupe dont la légende a rapidement dépassé la réalité.

Mais il faut reconnaître que ce collectif était cependant porté par une sorte de grâce, une créativité qui ne s'embarassait pas de fioritures et donnait à sa musique une sincérité sulfureuse. "On avait de très bons morceaux qui ont d'ailleurs influencé d'autres groupes en France et en Angleterre, mais il nous a manqué un vrai manager" analyse Christian.

Résultat, NITRATE dans sa version du début des années 1980 a splitté, chacun s'en allant de son côté. Certains y croyaient plus que d'autres. Une brouille a suivi qui n'a pas empêché la plupart des membres de continuer à faire de la musique. Max est parti aux USA. D'autres groupes nés de cette expérience fondatrice. "Un groupe qui s'arrête, c'est un peu comme un couple qui se sépare. Les années ont passé et on a continé de se croiser de loin en loin, parce qu'on avait les mêmes potes", raconte Alain.

Un jour, les musiciens se retrouvent à l'anniversaire de Léo (l'ami historique, fidèle parmi les fidèles). Ils lui font alors le cadeau de jouer quelques morceaux. Dès lors, l'idée de se reformer est dans l'air... Et elle y reste : "Il y a eu beaucoup de morts dans le monde de ceux qui faisaient du rock dans ces années-là, on s'est dit, on a la chance d'être tous vivants, reformons-nous".

La sortie du livre "Histoire du rock à Marseille 1960-1980" de Robert Rossi a donné l'occasion idéale. Après de longues séances de répétitions, NITRATE s'est retrouvé sur la scène du Poste à Galène à Marseille le 29 septembre 2017. "Je suis heureux, je n'aurais pas aimé rester sur un échec, ce concert va me guérir de toute cette souffrance de la séparation du groupe", confiait Max avant le jour J.

Le son énergique de NITRATE, son souffle puissant ont donc résonné une fois encore, ce soir-là dans une salle bondée à l'extrême, pas assez grande pour accueillir tous ceux qui voulaient assister à ce temps fort de la vie culturelle marseillaise. Nombreux sont ceux qui sont restés dehors. Cette soirée très forte en émotion s'est terminée sur uen reprise de l'emblèmatique "Marseille, bouche de vieille", clin d'oeil des musiciens du groupe à ceux de LEDA ATOMICA, autre groupe phare de la scène marseillaise de l'époque.

NITRATE est revenu 39 ans après sa création... juste pour un soir. Et l'histoire ne se termine pas là, puisque un album 9 titres (1978-1979) est sorti en janvier 2020 sur le label Mémoire Neuve.)

Pour finir, Christian joue encore aujourd'hui avec son groupe BELPHEGORZ (avec une ex-Lady Godiva), auteur d'un LP sur Closer Rds sorti en 2019, et Max tourne avec son groupe les U-TURN.


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